lundi 17 décembre 2012

De YangShuPu à WaiBaiDu

HuoShan Lu
On en avait parlé avant d'y arriver : il y a un quartier juif à ShangHai... On est pourtant bien loin du Marais et du IVème arrondissement de Paris, loin des anciens ghettos de Prague ou de Venise. Mais dans le sillage des Européens dès la fin du XIXe siècle, comme de nombreux autres, des commerçants juifs viennent s’installer en Chine et dans les concessions. Puis dans les années trente, alors que la pression antisémite augmente en Europe, des milliers de juifs vont trouver refuge à ShangHai. Ils vont s'installer dans un des quartiers les plus pauvres de la concession japonaise. Paradoxe, le Japon alors allié des nazis n'a que faire de ces délires antisémites, trop occupé a conquérir l'Asie et à massacrer les Chinois comme à NanJing. Ce seront finalement plusieurs dizaines de milliers de réfugiés juifs qui auront trouvé refuge dans le quartier autour de YangShuPu, le long de la rivière HuangPu. Une synagogue et un musée rénové et financé à grands frais par Israël sont les dernières traces de cette période et de ce surprenant acte d'humanité en pleine guerre.

jeudi 6 décembre 2012

District de HongKou - Songe d'une journée d'automne au parc Lu Xun

Petit thé au parc Lu Xun

Il y a dix ans nous étions à la périphérie de ShangHai, presque en banlieue. Aujourd'hui, la ville s'est étendue, le quartier autour du parc Lu Xun fait maintenant partie intégrante de la cité. Deux lignes de métro s'y croisent pour desservir le grand stade de football de HongKou. Pourtant autour du parc on est loin de la frénésie du Bund et de l'ancienne concession française. Le quartier fonctionne comme une petite ville dans la ville. L’endroit est essentiellement résidentiel : il présente un urbanisme mixte, des bâtiments de quelques étages côtoient des tours d'habitation. Trois pôles d'attraction particuliers rythment l'ensemble, le stade, le parc et le piétonnier de DuoLun Lu. On y trouve des rues commerçantes, mais les enseignes sont loin de celle de HuaiHai lu. Ici, pas de Rolex, Armani ou Mont Blanc, mais des marques locales adaptées au public. On trouve aussi d'authentiques boutiques et des marchés présentant toute la diversité du commerce chinois. Les fruits et les légumes les plus exotiques côtoient les bestioles les plus improbables, tout se mange, tout s'achète, tout se vend.

samedi 24 novembre 2012

Yu Yuan Garden - Le rendez-vous Manqué

Quartier de Yu Yuan Garden - 02


A midi, aux heures chaudes, comme dans tous les pays chauds, il faudrait toujours se souvenir qu'il faut se réfugier sous les ombrages des parcs ou dans quelques ruelles étroites qui feront barrage au soleil. Mais à ShangHai, la moderne, les ruelles étroites et les parcs ont laissé place à de larges artères dans lesquels s’engouffrent et se bousculent voitures, motos, vélos, piétons. Ici, les immeubles ne font pas d'ombre et on prend le soleil tout le temps que l'on y passe. C'est pourtant à cet endroit que j'ai rendez-vous ce midi pour aller manger.

Je débarque donc à la station de métro de Yu Yuan Garden à l'heure dite. Les bouches de métro de la station vomissent un flot incessant de badauds qui tous viennent pour se presser dans l'étroit dédale bordant les jardins Yu.

Le temps file quand on s'amuse... Bientôt 14:00, je dois bien constater que mon rendez-vous n'est pas très ponctuel, ni très précis. Réfugié sur un muret qu'un jeune arbre peine à protéger du soleil avec son feuillage juvénile, je me résous à faire de mon infortune un moment d'observation de l'agitation frénétique de ce premier jour des vacances d'octobre.

mercredi 21 novembre 2012

Shanghai, Rolex et drapeau rouge

L'heure de table à Hua Hai lu

Comme toutes les grandes villes du monde, ShangHai présente de multiples contradictions et paradoxes, et le quartier Xin Tian Di en est est bon exemple. Des réalités sociales très différentes se juxtaposent en quelques rues. Situé juste à côté de People's Square, on entre ici dans un monde de bobos chinois en opposition avec toutes nos images et nos préjugés sur la Chine. On flâne dans des petites rues piétonnes où l'on trouve des restaurants chics, des galeries d'art, des bars et tout ce qui peut faire le bonheur de la petite bourgeoise et de la nouvelle classe moyenne. C'est au détour d'une de ces rues que l'on trouve le bâtiment qui accueillit la première réunion du Parti Communiste Chinois. C'est presque avec recueillement que les badauds y font la queue pour le visiter... Ici le drapeau rouge est de rigueur. Puis, un peu plus loin, passé la Hua Hai lu, on trouve la maison de Zhou Enlai.

Promenade à People's Square

People's Square
Debout pour huit heures, je quitte l'auberge encore endormie, direction People's Square. L'objectif c'est le petit déjeuner : tel est le programme minimaliste. Au mieux, ce matin j'envisage de visiter le site de la première réunion du PCC et la maison de Zhou Enlai. Parti sans plan de la ville, je compte plutôt me perdre dans les petites rues du vieux ShangHai...

Arrivé à People's Square, celui-ci se présente comme une immense surface dégagée divisée en deux parties. D'une part on trouve un parc, et de l'autre une large esplanade ouvrant sur la ville, où l'on trouve le musée de ShangHai, l'opéra et des bâtiments officiels.

De la grande station de métro on débouche directement dans le parc. Celui-ci ressemble à un « Central Park » au cœur d'un Manhattan futuriste. Après un premier tour, je trouve enfin mon petit déjeuner parmi quelques échoppes qui se pressent à une entrée du parc, je choisis celle qui propose une soupe de nouille pour 8 Kuais (Kuai, appellation familière pour la monnaie du peuple, renminbi – RMB, aussi nommé Yuan ou désigné par l'abréviation CNY, ¥).

lundi 19 novembre 2012

ShangHai n'est pas BeiJing

Il va falloir s'adapter et comprendre cette ville nouvelle.

Quartier de PuDong vu depuis le Bund

Beijing est une ville essentiellement en deux dimensions. De larges avenues se croisent et délimitent des quartiers desservis par de plus petites rues. C'est dans ces parcelles ceintes que l'on trouve les derniers Hutong, les anciens quartiers populaires. Même si aujourd'hui, le plus souvent les vieux quartiers ont laissé place aux constructions modernes et aux immeubles de bureaux, la structure de la ville reste similaire.

Mais ici, à ShangHai les choses se présentent différemment. La ville immense est parcourue par de multiples viaducs devant fluidifier la circulation automobile. Si les zones plus récemment urbanisées présentent le classique plan en carré entouré de larges voies, ShangHai se compose aussi de multiples quartiers dont l'urbanisme reflète l'influence occidentale de l'époque des légations. Le futurisme vertical de PuDong fait face au Bund et ses façades néoclassiques. Mais même si le centre historique de la ville peut nous paraître grand, l'agglomération de ShangHai est devenue immense. Ces vingt dernières années, l’expansion de la ville a plus que doublé la superficie urbanisée. Les quartiers d'affaires ou de bureau alternent avec des zones d'habitation et de petits commerces. Les dimensions de la ville et les distances séparant les quartiers ont pour conséquence que ceux-ci se développent comme des espaces périurbains autonomes avec leurs propres zones de développement économique, leurs commerces, leurs services et leurs zones d'habitat.

Retour en Chine



Première journée de retour en chine. Les odeurs sont celles d'hier, c'est un mélange d'odeurs de cuisine mystérieuse, indéfinissable, traversée de relents d'égout refoulant. Si parfois cela prend au nez et à la gorge, la plupart du temps ce n'est pas dérangeant, c'est même agréable, étrangement familier même si totalement étranger. 

Six années se sont écoulées depuis mon premier séjour. Entre-temps, il y a eu les Jeux olympiques à BeiJing, l'exposition universelle à ShangHai et un formidable bon en avant de l'économie et de l'industrie partout en Chine. Le pays est largement ouvert sur le monde et le tourisme. Les enseignes nord-américaines comme « Starbucks », « KFC » ou « Burger-King » sont présentes jusqu'au fin fond du YunNan. Le thé doit faire face à la concurrence du café, boisson excitante, exotique et importée... C'est cher, donc c'est chic d'en boire. La nouvelle classe moyenne aime consommer; les bars, hier si rares, se multiplient, surtout dans les zones touristiques. On trouve partout de la bière belge d'importation et du café. Le thé se voit relégué dans des boutiques spécialisées. Fini le temps où les meilleurs restaurants comme le plus petit boui-boui offraient le thé comme on offre l'eau plate en France. C'est le triomphe de la nouvelle économie de marché. Dire qu'il y en a encore pour critiquer les Chinois !

Voir l'album photos : https://plus.google.com/photos/101460525071841597040/albums/5812477811592690977?authkey=CIrXj_yJ3q6jVA